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Travailler avec les fourrages 2025

« Au-delà du calcul théorique de la ration, il faut tenir compte du fait qu'il doit y avoir 5 % de bons refus à l'auge afin de s'assurer que les vaches sont bien à volonté », rappelle Lionel Vivenot.

Si les stocks d’herbe sont en retrait par rapport à 2024, la qualité est souvent au rendez-vous, tandis que les valeurs très hétérogènes des maïs nécessiteront une complémentation plus soutenue en céréales.

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La campagne 2025 s’est révélée globalement défavorable à la constitution de stocks d’herbe. Dans le département du Nord, plus précisément dans l’Avesnois, Avenir Conseil Élevage enregistre, par exemple, un recul de pousse d’herbe de 35 % entre le 15 mars et le 7 juillet, par rapport à 2024. En Bretagne ou en Lorraine, les relevés des chambres d’agriculture font état d’un recul compris entre 15 et 20 %.

La qualité des ensilages est en revanche souvent meilleure qu’en 2024. En Lorraine notamment, où les éleveurs ont pu profiter d’un début de printemps ensoleillé pour réaliser des fauches précoces. Selon les analyses en vert compilées par les conseillers d’élevage de l’ULM (Union laitière de la Meuse), les premières coupes de prairies naturelles, réalisées entre le 25 avril et le 2 mai, affichent des valeurs moyennes de 0,90 UFL/kg de MS (de 0,85 à 0,95) et 17 % de MAT (de 14 à 21).

Des ensilages d’herbe à plus d’1 UFL début avril

Mieux : dans le département, certains n’ont pas hésité à faucher début avril (entre le 5 et le 9 avril), même si les volumes n’excédaient pas 2,5 t de MS/ha. Sur ce créneau, les ensilages de prairies naturelles affichent des valeurs de 1,01 UFL et de 16,7 % de MAT. « Ces récoltes très précoces sont à manier avec précaution, en raison de leur faible teneur en cellulose et en parois NDF, souligne Lionel Vivenot, conseiller ULM. Sinon, les enrubannages et ensilages d’herbe 2025 sont bien pourvus en fibres digestibles, avec plus de sucre, d’énergie et des teneurs en MAT correctes, même si les matinées fraîches ont retardé la minéralisation de l’azote. » En effet, les premières coupes de ray-grass pur début avril plafonnent à 10,5 % de MAT, tandis que les ray-grass + trèfles fauchés fin avril s’en sortent mieux (15,3 % de MAT), tout en étant corrects en énergie (0,92 UFL). Pour rappel : un apport de 5 % de sucre au maximum est recommandé dans la ration. Concernant les maïs ensilages, les semis précoces ont partout souffert du sec et des fortes chaleurs de juin à mi-juillet. Ceux implantés plus tard, la deuxième quinzaine de mai, se sont mieux développés. Heureusement, la vague de pluie de fin juillet a sauvé une partie des maïs au moment de la fécondation et du remplissage.

Plus le maïs est sec, moins l’amidon est disponible

« Sans être aussi bons qu’en 2023 ou 2024, les ensilages de maïs ont des valeurs correctes en amidon et en énergie, avec des taux de cellulose (19,7 %) et de parois NDF sécurisants en matière de digestion », rend compte Lionel Vivenot. En moyenne, les maïs analysés par l’ULM ont une teneur de 33 % d’amidon (de 26 à 41 %), dont 19 % d’amidon by-pass (de 13 à 26 %). Le conseiller rappelle de viser un repère amidon + sucre/cellulose de 1,15 pour les faibles productrices, à 1,6 pour les fortes productrices, en veillant à un taux d’amidon by-pass de 4,5 % à l’auge pour le premières et de 5,5 % pour les secondes.

Certains maïs ensilés trop tôt (26 à 28 % MS) nécessiteront une complémentation en céréales. Mais la tendance est à des maïs secs : 35,9 % en moyenne chez les adhérents de l’ULM, avec une amplitude de 29 à 43 %. En effet, début septembre, la plante a pris jusqu’à 6 à 7 points de MS en une semaine (contre 2 à 3 habituellement), prenant de court certains éleveurs qui ont rentré un fourrage à plus de 38 % de MS. Dans ce cas, après ouverture du silo, si l’on observe un échauffement du fourrage à l’auge, l’ajout de conservateur à base d’acide propionique peut présenter un intérêt. Sur le volet alimentaire, un ensilage sec signifie aussi un grain plus vitreux, qui aura besoin d’un temps de fermentation plus long. « Plus le maïs est sec, plus la part d’amidon by-pass est importante et donc moins disponible au niveau du rumen. Une situation qui nécessitera une complémentation avec des céréales ou des sucres de type mélasse », observe Yann Martinot, directeur technique d’Elvup en Normandie, où les ensilages 2025 sont très hétérogènes. L’observation de bouses fermes, avec beaucoup de fibres non digérées et des performances laitières limitées, est, à ce titre, un indicateur de pilotage de la ration.

On notera que les conditions météo associées à une récolte précoce et une moindre pression des insectes foreurs présentent moins de risques de contaminations par les mycotoxines, selon les premiers résultats. L’Observatoire des mycotoxines relève cependant des niveaux de contamination plus importants sur les récoltes réalisées à partir de mi-septembre. Un constat qui appelle à la vigilance pour les récoltes plus tardives de maïs épis ou de maïs grain, pouvant aussi être contaminées. L’analyse reste la meilleure des préventions. Un calculateur est par ailleurs disponible gratuitement sur le site de l’observatoire, pour évaluer les risques sur son exploitation.

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